L’arbre de Thor

Villa Nellcote,Saint-Jean-cap-Ferrat, gildalliere, 2013.
Photo/Gilles Dallière/Francis Amiand/Villa Nellcote/Saint-Jean-cap-Ferrat

L’arbre de Thor protège la villa jusqu’au vertige. Il enveloppe l’espace. De lui émane une impression de force. Son élan vers le ciel invite à la verticalité et sa frondaison bruissante vient démentir le profond silence qui entoure son existence mystérieuse. Il me fascine aussi par sa longévité, jusqu’à quatre mille ans ! Combien de fois une vie d’homme ! Passeur de temps, l’arbre l’est aussi d’espace, tendu qu’il est entre ciel et terre. Il soutient le monde, comme le baobab d’Afrique ou le figuier des Indes équatoriales. Ses branches s’enracinent dans le ciel au dépens de son tronc. C’est là, la fine bordure entre la vie et la mort.

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L’arbre de Thor

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La villa Nellcote

Villa Nellcote, Villefranche sur mer, gildalliere, 2013
Photo/Gilles Dallière/Francis Amiand/Saint-Jean-cap-Ferrat

Le passé coule sur les balustres de la villa comme si le temps n’existait pas. Construite en 1899 sur les ruines d’une ancienne batterie militaire, avec ses grilles dignes de Versailles, sa façade ornée de colonnes ioniques en marbre, son escalier monumental et son jardin à la française qui descend jusqu’à la mer, Nellcote est un véritable palais. En 1971, les Stones quittent l’Angleterre pour échapper aux impôts. Keith Richards, sa femme Anita Pallenberg et leur fils Marlon investissent la villa à Saint-Jean-Cap-Ferrat et du matin au soir, avec Mick Jagger, Charlie Watts et Bill Wyman, les échos des guitares électriques, sur amplifiées, traversent la baie de Villefranche au point d’entraîner le départ précipité de toute la troupe vers une nouvelle terre d’exil. Dans l’intervalle, le groupe enregistrera un chef-d’œuvre, « Exil on Main Street », un double album gorgé du soleil et des fêtes de la Riviera.

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La villa Nellcote

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Froide comme l’albâtre

Nelcotte, Villefranche sur mer, gildalliere, 2013
Photo/Gilles Dallière/Villefranche sur mer/Villa Nelcotte

Le soleil méditerranéen accable la villa de sa lumière. La déesse se dresse, vivante, à cette heure de l’après-midi sous l’immense azur de l’escalier faisant sur la verrière une tache sombre. Elle s’étire, balançant son enfant sur ses épaules. Le plissé de sa toge glissant de ses larges hanches jusqu’au creux de son dos. Le poids de son marbre immaculé tire en arrière sa tête délicate et lui donne un air triomphant et paresseux. Elle sourit d’un blanc sourire comme si elle apercevait un miroir reflétant sa beauté, belle et froide comme l’albâtre.

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Froide comme l’albâtre

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La mer aspire à se remplir

Tempète, baie des Anges, Nice, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dalliere/Promenade des Anglais/Nice

Le vent balaye les galets et la mer aspire à se remplir. Ce n’est pas seulement une vaste étendue d’eau salée, c’est l’immensité, la profondeur, le mouvement, et quand elle devient boueuse, elle recèle la vie tout en étant menace de mort. Il y a l’absence, le ponton en est rouillé. Il écrit dans la déferlante les signes de sa faiblesse. Les nuages de craie survolent l’écume des vagues, avance aussi la brume. La pluie tombe plus drue, plus dure. La mer charrie la terre, les déchets et la houle se heurte à la jetée de la plage du Lido, se brisant en volutes d’un blanc immaculé qui jaillissent comme un geyser à travers les anfractuosités de ses fondations.

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La mer aspire à se remplir

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Il pleut

Pluie, promenade des Anglais, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière/Promenade des Anglais/Nice

Il pleut. Ce n’était que des gouttes qui rebondissaient sur l’ocre rouge du trottoir avec des éclatements semblables à de minuscules baudruches. Puis les gouttes se sont élargies, sortes de vastes feuilles couvrant le sol de leurs mains invasives. Elles en ont abstrait les hommes, leurs soucis. Il n’y a plus d’anatomies visibles, plus de souffle, plus de vie sur la Promenade des Anglais. Tout est devenu gris, lourd, couleur graphite, gonflé de liquide. Il pleut à verse. C’est tellement inattendu. Il pleut une suite de sons résonnant dans le vide, comme la peur ricochant sur les galets de la Baie des Anges. Et dans le reflet de cette faille, entre l’ombre des gloriettes et la lumière, je ne verrais pas le ciel bleu jusqu’à mon retour.

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Une passerelle sur le temps

Balustres, Parc Impérial, Nice, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière/Parc Impérial/Nice

La passerelle se met en scène. Elle devient actrice et spectatrice. Elle s’exhibe désormais dans toute sa théâtralité. D’un bout à l’autre, elle touche enfin au réel. Elle s’ouvre à la lumière, à l’immensité lumineuse du monde. Elle tend ses balustres durcis comme des membres vers le dehors, sur ce ciel d’azur que l’on peut tout à la fois concevoir comme la jouissance infinie à laquelle elle aspire par la clarté cruelle de son blanc immaculé.

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L’ombre cède à la lumière

Jeanne d'Arc, Nice, gildalliere, 2019.
Photo/gilles Dallière/Jeanne d’Arc/Nice

La semaine sainte a démarré avec l’incendie de Notre-Dame de Paris. Elle se termine avec la haine terroriste qui tue plus de 300 personnes au Sri Lanka. Dans les courbes géométriques de l’église Jeanne d’Arc, je vous souhaite de très heureuses fêtes de Pâques. L’ombre cède à la lumière, le sommeil ruisselle de rêves, la nuit promet l’aurore des regards confiants, les rayons de tes bras entrouvrent le brouillard. La mer est dans les yeux du ciel, mais j’ai honte du monde dans lequel je vis. Aujourd’hui, le jour de la résurrection du Christ, le jour où tous les hommes réinventent les hommes et la nature, et leur patrie, nous devrions tous, toutes religions confondues, nous embrasser.

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Le pouvoir de séduction

Villa Fiorentina, Nice, parc impérial, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière/Détail d’architecture/Villa Fiorentina/Nice

Rien n’est plus existant pour un photographe que de tomber en arrêt devant le pouvoir de séduction d’une image. Cette intimité est favorisée par des kilomètres de marche à pied. Je me suis plongé dans l’architecture du parc Imperial, celui des Russes blancs, du moins ce qu’il en reste. Aujourd’hui, une nouvelle génération d’oligarques a débarqué sur la Riviera. Plus discrets que leurs aînés, ils aiment quand même faire la fête, mais cherchent aussi à réaliser de juteuses affaires. Plongée dans un univers très secret. Fini les extravagances ? Les feux d’artifice tirés les soirs d’anniversaire des terrasses des somptueuses villas du Cap d’Antibes et de Saint-Jean Cap Ferrat ? Les virées en boîte de nuit à écluser des bouteilles de Cristal Roederer et de Dom Pérignon rosé ? Les écuries de Rolls et de Bentley ?
Leur plus grand plaisir est de promener les enfants en poussette, le long des rues ombragées de pins et de palmiers. Les premiers arrivants payaient l’addition au restaurant avec des liasses de billets. Ils sortent une carte American Express Platinium. Il y a 20 ans une villa se vendait 20 millions d’euros, on écarquillait les yeux, la même atteint aujourd’hui 100 millions d’euros et on ne s’en étonne même plus.

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Marbre de soie

Vierge voilée, Giovanni Strazza, musée cheret, Nice, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière/Sculpture/Giovanni Strazza/Musée Cheret Nice

Vendredi saint. Elle est là Notre-dame et le voile qui couvre son visage est un linceul, celui-là même qui recouvre le corps du Christ. Elle refuse la mort deux fois suggérée par celle de son fils et par l’incendie de la cathédrale de Paris. Par ce voile, elle se veut immortelle. La transparence glace son visage. Pétrifiée d’horreur et d’effroi devant les flammes, elle se préserve de la mort par cette paralysie même qui statufie son corps et immobilise le temps. Beauté ravissante, Notre-dame est une image et un nom. Ses yeux se sont perdus au paradis et ce qu’il en reste s’offre en spectacle. Elle transperce le mensonge d’une nuit qui s’est indûment transformée en enfers. Le voile apaisant de la beauté vient recouvrir pour un moment le passage à vide dont elle ne voit pas l’issue. Loin des polémiques, derrière le blanc fantôme de marbre il y a un trou béant. À nous de le reconstruire.

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Marbre de soie

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Villa Rosalia

Un balcon Art-Déco, Nice, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière

Dans la délicatesse de cette architecture se jouent les ombres et la lumière, démontrant en même temps la richesse des combinaisons décoratives. Elles sont intégrées dans la construction elle même. On se plaint de n’avoir pas de style. On se console se disant que nos descendants nous en trouveront bien un. Mais comment se ferait un « style », quand l’impatience, la rapidité d’exécution, les variations brusques de la technique pressent les œuvres ?

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Villa Rosalia

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