Clichés/adresses

Acte II : la tête dans les étoiles

Photos/Francis Amiand

Situé à deux pas de la Madeleine, l’Hôtel du Ministère, dessiné par l’architecte d’intérieur et designer François Champsaur , s’agrandit aujourd’hui de 18 chambres supplémentaires. Elles sont spacieuses, très atypiques et presque toujours en duplex ou sous verrière. François Champsaur s’inspire des ateliers d’artistes et des fabriques du Faubourg Saint-Honoré du siècle dernier. La structure métallique des verrières, à la Gustave Eiffel, vous met la tête dans les étoiles. La géométrie des formes rythme un espace maîtrisé tout comme les touches de couleurs se jouent du graphique coup de pinceau de la moquette noir et blanc. Le tout est bien entendu adouci par le chêne de certaines cloisons et des têtes de lit. Le fauteuil « Gilda » de Carlo Molino,  le « Tre Pezzi » de Franco Albani, les luminaires de Serge Mouille accentuent la géométrie des lignes de ces espaces presque industriels. Comme ci quelque chose de net et de distinct nous rappelait le début du XXè siècle à cela près qu’il y a de l’égarement dans les rideaux conçus comme des tableaux, les plaids colorés tendus sur les lits et les coussins en wax totalement revisité. Quelques oeuvres d’art contemporaines viennent nous mettre des étoiles dans les yeux.

Chambre : de 165€ à 330€

http://www.ministerehotel.com

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POSE…LE TEMPS D’UN ALLER-RETOUR À ARLES 2015, LES RENCONTRES DE LA PHOTOGRAPHIE
EXPOSITIONS du 6 JUILLET au 20 SEPTEMBRE

Stephen Shore, Neuvième Avenue Ouest, Amarillo, Texas, 2 octobre 1974, série Uncommon Places. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la 303 Gallery à New York

Une ère inédite commence aux Rencontres d’Arles, soit trente-cinq expositions et surtout un nouveau directeur artistique : Sam Stourdzé. Il revisite l’histoire en portant un regard neuf sur les images de Stephen Shore, ses paysages urbains typiques des Etats-Unis, ses voitures seventies traversant des déserts et les scènes de stations services baignées d’une lumière crépusculaire.

Markus Brunetti, Reims

L’architecture est à l’honneur avec Markus Brunetti qui entame un long voyage à travers l’Europe qui aura duré dix ans. Son engouement pour les façades d’édifices sacrés n’a cessé de croître tout au long de ce périple. Au cours de son voyage, il développe sa propre méthode de prise de vue et de reproduction d’images, qui dépasse largement l’idée que nous nous faisons de la photographie.

Heikoh Hosoe

Il ouvre sur le monde, avec deux cents images de huit grands maîtres de la photographie japonaise. Cette exposition propose plus de 200 tirages photographiques pour la première fois visibles en Europe. Cette exposition donne à voir des oeuvres inédites de certains des praticiens les plus connus, comme Hosoe et Moriyama, ainsi que certaines des oeuvres-clés d’artistes qui sont tout aussi importants d’un point de vue historique, comme Fukase, Inose, Naito ou encore Suda.

Martin Parr 2008

Martin Parr, plus tendre que cruel, est aussi exposé dans l’église des frères prêcheurs. Qu’il s’agisse de photographier des touristes à la peau vanille-fraise ou des nouveaux riches grimaçants, cette série de photographies présente les différentes manières dont les gens affichent leur richesse. Traditionnellement, la représentation de la pauvreté est le domaine du « photographe engagé », mais Parr a employé le même esprit pour photographier la richesse. Selon lui, quand les classes moyennes nouvellement arrivées à maturité de la Chine ou de l’Inde se mettront à réclamer et recevoir les produits de luxe qui nous semblent banals en Occident, cela aura un effet considérable sur les ressources de la planète.

Et comme l’écrit si bien Roland Barthes dans « La chambre claire », « Ce qui fonde la nature de la photographie, c’est la pose. Peu importe la durée physique de cette pose ; même le temps d’un millionième de seconde, il y a toujours eu pose, car la pose n’est pas ici une attitude de la cible, mais le terme d’une intention de lecture : en regardant une photo, j’inclus fatalement dans mon regard la pensée de cet instant, si bref fût-il, où une chose réelle s’est trouvée immobile devant l’oeil. Je reverse l’immobilité de la photo présente sur la prise passée, et c’est cet arrêt qui constitue la pose. »

http://www.rencontres-arles.com

Clichés/expositions

POSE…LE TEMPS D’UN ALLER-RETOUR À ARLES.

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Clichés/voyage

La grâce du béton

Saint Joseph, le Havre
Photo/Gilles Dallière/le Havre/juillet 2015

« La colonne est le plus noble organe de l’architecture ».
Auguste Perret
De terre ou de mer son clocher domine, véritable symbole de vie. Amer, il guide le marin ; point de repère, il permet de se situer dans la ville, phare spirituel il se dresse, pointé vers le ciel comme pour mieux accompagner l’élévation de la prière.
Édifice emblématique de la reconstruction du centre-ville du Havre, chef-d’oeuvre d’Auguste Perret, l’église Saint-Joseph est le dernier monument que distingue le passage lorsqu’un peu nostalgique il s’éloigne de la côte et le premier, rassurant, qu’il perçoit à son retour. De l’intérieur, très attaché aux correspondances entre les arts et les matériaux, Perret fait appel au Maître-verrier Marguerite Huré. Elle va utiliser le verre antique soufflé à la bouche à Saint-Just-sur-Loire – j’y suis né – irrégulier d’épaisseur et très nuancé. Auguste Perret et Marguerite Huré jouent du mouvement du soleil. Les reflets, quand il fait beau habillent le béton, le font vivre et vibrer pour ne pas dire chanter. J’ai découvert l’audace de l’architecture de cette église, de la ville, le week-end dernier et je comprends qu’elle soit inscrite à l’inventaire des monuments historiques. C’est vraiment un des chefs-d’oeuvres du XXéme siècle.

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L’arpenteur du monde
Au Havre, le MuMa consacre une exposition exceptionnelle à Lyonel Feininger

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En direct du Havre, noyé dans la multitude de ses gris pour le 14 juillet, le MuMa accueille, du 18 avril  au 31 août 2015, une exposition exceptionnelle consacrée à l’artiste germano-américain Lyonel Feininger. Peu connu en France, Feininger a multiplié les techniques, laissant une œuvre picturale et graphique protéiforme. Le parcours démarre à Paris, alors qu’il séjourne en France. Il utilise différentes techniques : encre, crayon, eau-forte. L’artiste abandonne rapidement les scènes de vie pour se consacrer au dessin et aux paysages, dépeignant une Allemagne retrouvée. Le romantisme disparaît peu à peu. En 1912, Lyonel Feininger délaisse les figures et se focalise sur l’architecture. En 1918, l’artiste aborde un moment-clef de sa carrière : les bois gravés. Les œuvres présentées au MuMa permettent de découvrir les nombreux motifs (des bateaux aux villages, en passant par les édifices) que Feininger a gravés. Des petits formats aux traits acérés qui réinterprètent la vie. En 1919, à Weimar, il met également en lumière le Bauhaus, une foi nouvelle rassemblant des artistes qui, par le travail des formes, œuvrent à construire l’utopie d’un monde meilleur. Feininger en sera l’un des chantres avec Walter Gropius. Avant de se refermer sur une section consacrée à la période américaine de Feininger qui, en 1937, à la suite de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, retourne à New-York, sa ville natale, on redécouvre la grandeur de Manhattan ou il s’éteindra en 1956.

MuMa 2, Boulevard Clémenceau
76600 LE HAVRE
Tél. 1 : 02 35 19 62 77
Fax : 02 35 19 93 01
E-mail : contact-muma@lehavre.fr
http://www.muma-lehavre.fr

Clichés/expositions

L’arpenteur du monde

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ARCHI POLYCHROMIE

Chandigarh
Photo/Bertrand Limbour

L’événement est incontournable et les fans du Corbusier ne savent plus où donner de la tête !
Pour célébrer les cinquante ans de la disparation de l’architecte, le Centre Pompidou y présente 300 œuvres. Une rétrospective inédite qui permet de relire le travail de l’architecte à travers sa vision du corps humain. Je me suis attardé sur les illustrations de Jean-Philippe Delhomme sur « Les Heures Claires de la Villa Savoye » et j’attends avec beaucoup d’impatience l’exposition dédiée à Chandigarh, présentée à la Cité de l’Architecture à partir du 11 novembre 2016.


Photo/Bertrand Limbour

C’est encore loin et en attendant je vous invite à venir découvrir une toute nouvelle petite galerie : celle de Bertrand Limbour qui relève le défi et pose son regard de photographe tout le mois de juillet, sur les polychromies du maître. Regard concentré sur l’usage de la couleur pure et intense qui redessine les volumes architecturés de ces espaces bétonnés. Un retour au modernisme qui invite à la découverte.

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Photo/Bertrand Limbour

La Galerie des Photographes
56, rue de la Rochefoucauld
75009 Paris
https://www.facebook.com/lagaleriedesphotographes

Clichés/expositions

Archi polychromie

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Impressions japonaises
Le courtier d’art Antoine de Vilmorin collectionne les photos japonaises. Conceptuelle, spirituelle ou fragile, l’image d’une Asie sans cliché cohabite ici avec une déco au charme bien français.

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Quelques meubles, un minimum, un zeste d’aristocratie nonchalante, une touche subtile de la recette du « décoloré-fatigué-dans son jus », qui ajoute à la note de charme le coup de la madeleine de Proust. D’ailleurs tout l’appartement fleure bon le chocolat et le caramel, un brin de café et de pain d’épice, quelques touches de prune, et un concerto en gris souris mineur, ficelle et coco, tout ce qu’il y a de plus chic. Un miroir grand siècle, une chaise noire Napoléon III défraîchie, un parquet très lessivé, l’inévitable chaise de Prouvé, peu d’objets et peu de photos, mais quelles photos. Superbe photos japonaises contemporaines, au compte-gouttes et souvent posées à même le sol.

« Le vide est tout-puissant parce qu’il embrasse tout. Ce n’est qu’au sein de la vacuité que tout mouvement devient possible », écrivait Kakuzô Okakuro dans son Livre du thé. Le japon qu’Antoine de Vilmorin aime et collectionne est celui de la délicatesse.

Sous la fragilité, la force. Une photo conceptuelle, cérébrale et minimale comme celles de Sugimoto, avec ses déclinaisons d’horizons sur la mer, ses théâtres reconvertis en cinémas. Ou, plus subtiles, vivantes, émouvantes, comme les photos aux instants fugitifs du quotidien merveilleusement épinglés par la jeune femme montante, Rinko Kawauchi, qu’il représente en France.

Héritière des estampes japonaises du XIXe siècle, la photographie japonaise ne se limite pas à quelques noms déjà considérés comme des trésors nationaux vivants tels Shoji Ueda, photographe de la grâce pure ou Araki à l’érotisme violent. Le japon étant le pays au monde le plus boulimique d’images, sa photographie est proliférante, elle explose de jeunesse et de courants de sensibilités divers.

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Photos/Francis Amiand/Reportage Gilles Dallière/Texte Élisabeth Védrenne

http://www.antoinedevilmorin.fr

Clichés/interiors

Impressions japonaises

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