Les marques de la vie
Photo/Gilles Dallière
Comme cette femme est belle. Elle me regarde derrière le voile de ses yeux et me sourit. Je détaille ses mains desséchées par la vie. Depuis sa naissance elles lui ont permis d’éviter de tomber lorsqu’elle était enfant, elles ont porté la nourriture à sa bouche et lui ont permis de s’habiller. Petite fille, sa mère lui a montré comment les joindre pour prier Dieu. Elles ont embrassé un mari et essuyé ses larmes quand il est parti. Elles ont été sales, coupées, rugueuses et enflées, maladroites à tenir son enfant et plus ouvertes à ses petits enfants. Elles ont tremblé quand elle a enterré l’homme de sa vie. Elles ont couvert son visage, peigné ses cheveux et lavé son corps. Elles ont été collantes et humides, sèches et rugueuses. Ces mains portent la marque de ce qu’elle a fait et des accidents de la vie, mais le plus important est que ce seront ces mêmes mains que Dieu attrapera pour l’amener avec lui dans son paradis.