TRY TO GET WHAT YOU LOVE OR YOU'LL BE FORCED TO LOVE WHAT YOU GET
Archives Mensuelles: juillet 2021
Le Turban…
Dans cette simplicité de la vie quotidienne, dans ce jeu de l’ombre à la lumière, il me semble sentir de plus près les palpitations de cette terre sacrée : Pushkar. Sa chaude haleine souffle dans le parfum des encens, et un hymne d’une inexprimable douceur semble venir à moi de cet univers où, libre moi-même, je vis parmi la liberté de toutes choses.
Dans la calme et claire lumière du matin, dans l’enceinte de quatre murs et d’une réalité tangible, au bord du Gange, votre doux visage souriant s’est encadré dans notre porte pour demeurer à tout jamais gravé dans mon souvenir. C’est une photo qu’il me tarde de contempler. Je suis un mendiant à la porte de vôtre cœur ; ne me renvoyez pas les mains vides !
Jean-Claude Carrière a dit : « En Inde, la tâche du musicien et du danseur est difficile, car il doit en même temps respecter le plus étroitement possible la tradition, qui est complexe, et laisser sa personnalité s’épanouir, c’est à dire improviser. Il lui est impossible de tricher. Raghunath Manet, instrumentiste et danseur, chorégraphe, chef d’école, voyageur infatigable, est sans doute le guide idéal pour nous emmener dans les subtilités de ce voyage initiatique ». J’ai suivi ses pieds autour du Bharata- Natyam en 2007 et il m’a fait le grand honneur de venir visiter mon exposition sur l’Inde chez Hyppolite Romain au jardin d’acclimatation.
À Pushkar, marcher, c’est te rencontrer à chaque instant, c’est chanter au bruit de tes pas. Celui qui ouvre toute grande sa porte et en franchit le seuil reçoit ta salutation. Il ne reste point à compter son gain ou s’apitoyer sur ses pertes ; les battements de son cœur scandent sa marche ; car tu chemines avec lui pas à pas.
La lumière commence à baisser. Le dragon tatoué me regarde et la vue de ses grands yeux brillants de feu me trouble jusqu’au fond de mon cœur. Il se réveille pour traverser l’océan de la nuit, crachant des flammes qui montent et s’abaissent à l’horizon, une rumeur, tantôt incertaine, tantôt plus distincte, remplie le silence de la plage.
La dame en noir est accoudée à la terrasse de chora. Les falaises abruptes de Folegandros se dressent au loin comme une ombre au tableau. Le soleil se couche derrière. À l’observer, j’ai l’impression que les étoiles elles-mêmes ont peur d’elle. Que tout l’univers nocturne la regarde de travers. Pourquoi ? Parce qu’elle est seule. Elle reste suspendue au-dessus d’un abîme immense, comme une goutte de rosée sur une feuille de figuier.
« Nathanaël… Nathanaël Apprends à te baisser Jusqu’aux insuffisances et jusqu’aux limites des résignés Et à te hisser bravement Au-dessus des toises des prétentions des possédants Quand à ta propre mesure, néglige-la toujours Parce qu’elle grandira assez d’elle même De ta compassion pour tous les êtres et toutes les choses Que tu guideras prudemment depuis le fond de ton cœur savant ».
Poème de Philippe Siméon, Photo Gilles Dallière, LE LIVRE DES INVOCATIONS, chapitre III, LE CYCLE DE NATHANAËL, aux éditions St. Honoré. Parution fin juillet.
« Apprends-moi à découper la vie à mes fenêtres Sans déchirer les mondes de tous côtés Sans arracher aux êtres leurs croyances surannées Apprends-moi seulement à naviguer avec ces vagues folles Comme les blés Qui déferlent sur la grève de la vie éphémère Au bout de leurs longues courses solitaires ».
Poème de Philippe Siméon, LE LIVRE DES INVOCATIONS, chapitre I ; SUITES CHAMANIQUES, aux éditions St. Honoré. Parution fin juillet
« Tu t’es lovée Comme une perle entrouverte Pudique et résignée Comme la nacre de tes ailes L’éther n’avait plus besoin de belles cantilènes Le musc s’évadait de la seule bouche de l’air qui t’aime Mais ce visage reflétant ensemble l’amour et la détresse Révélait-il un paysage d’ombre surgi du fond de la tristesse ? »
Poème de Philippe Siméon, photo Gilles Dallière, LE LIVRE DES INVOCATIONS, chapitre IV ; DIALOGUE AVEC LA GRÂCE, aux éditions St.Honoré. Parution fin juillet.
« Rassasie-Toi de nos offrandes déposées au pied de tes autels Rassasie-nous de Tes bontés étalées partout dans le ciel. Les généreuses chimères durant tant de vies engrangées Nous prédisposent à un abandon de nos attributs à Tes pieds Et l’utopie inavouable de la fidélité à notre foi Fera de nous des parcelles de lumières accolées à Ta loi Des modèles d’hommes sur la terre… et dans Ton royaume des Rois ».
Poème de Philippe Siméon, LE LIVRE DES INVOCATIONS, chapitre V ; LES CHANTS DE LA DVEKUT, aux éditions St. Honoré. Parution fin juillet.