Bien plus qu’un voyage
Photo/Richard Alcock/Style/Gilles Dallière/Forges Barriol Dallière
C’est en faisant entendre mes silences que j’en ai les « mots » au ventre.
Tu es parti surfer sur les nuages avec Brock Little dans un ciel qui a été bien gourmand ce début d’année 2016. Tu es mort par surprise dans un monde déjà en berne, ça m’a pincé le cœur comme si les beaux jours s’en allaient vraiment … Aujourd’hui, il me reste la beauté de ces jours passés ensemble dans l’espace-temps de mes souvenirs.
Toi, tu vas te régaler a revoir « La belle noiseuse » de Jacques Rivette, tu vas rêver devant la beauté émouvante de Romy Schneider dans « L’important c’est d’aimer » de Zulawski, ou du moins hésiteras-tu entre « Le nom de la Rose » d’Umberto Eco et « Une journée particulière » d’Ettore Scola.
Tu as laissé ton livre de chevet, « Winston – comme un seul homme a fait l’histoire », à son marque page pour prendre le temps d’apprécier ce que nous avons tant de mal à atteindre.
Ta poésie était plus ancrée dans la langue de Delpech que dans celle de Bowie. Tu vas chercher l’introuvable, c’est à dire toi… Toi, qui n’a jamais cessé de bien travailler. Sensible, tu nous as figé les traces de ton passé comme pour exorciser l’absence de ton père, notre grand père. Tu as surtout vécu heureux jusqu’au bout de ta vie, mais si jamais tu as un passage à vide sur cette route inconnue, n’oublie pas que tu peux revisiter tes classiques dans les comédies populaires de Michel Galabru où les directions musicales de Pierre Boulez. Et comme la écrit Henry Scott Holland, « La mort n’est rien. Je suis seulement passé dans la pièce à côté. Je suis moi, et tu es toi. Ce que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m’as toujours donné. Parle-moi comme tu l’as toujours fait. N’emploie pas un ton indifférent. Ne prends pas un air solennel ou triste. Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Prie, souris, pense à moi, prie pour moi. Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans trace d’ombre. La vie signifie tout ce qu’elle a toujours signifié. Elle est ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de ta pensée, parce que je suis hors de ta vue ? Je t’attends, je ne suis pas loin. Juste de l’autre côté du chemin ».
Tu vois, tout est bien.