La ville m’interdit d’entrer.
Photo/Gilles Dallière
À Ivry-sur-Seine, sur la passerelle Müller, j’écrase la ville. Elle est là, difforme, à mes pieds, posée sur l’horizon, colonisée, violée, châtrée par des citoyens sûrs d’eux-même, sûrs de leurs décisions, de leurs idées, de leur logique, de leur agressivité, de leur perversité et de leur destin. Désormais je n’entends plus les soupirs inquiets du vent, mais le sombre vrombissement des moteurs, le sifflement dangereux des trottinettes qui couvre le pépiement des oiseaux, le ronflement de la voie ferrée. Derrière l’épaisseur blanche des rejets de la déchetterie, la ville m’interdit d’entrer… Elle me laisse dehors, me repousse et moi aussi d’une certaine manière je refuse d’y entrer.