À table…

L’office, Musée Nissim de Camondo, Paris, gildalliere, 2020

C’est le réveillon, il est temps de se mettre en cuisine. Au menu : soupe de tortue géante, blinis Demidoff, cailles en sarcophage farcies au foie gras et sauce aux truffes, salade d’endives aux noix, fromages, baba au rhum et fruits confits. Le tout servi sur quelques petits vins Ruinart et autres Clos Vougeot. À ce stade, je suis à l’office et les rideaux de soie Rubelli du salon peuvent bien prendre feu, le tapis Ben Ouarain devenir marre de sang, et mes fauteuils 637 Utrecht de Rietvelt édités par Cassina, chardon ardent, je n’en ai plus rien à foutre de l’année 2020. Juste un coup d’œil sur la table, la salle est haute, agréable, bien éclairée, tout est bien servi. Ce soir tout m’indiffère. J’ai envie de planer, l’année peut s’achever, je suis déjà loin.

Clichés/architecture, Clichés/décoration, Clichés/design, Clichés/expositions, Clichés/Inspiration, Clichés/interiors, Clichés/photos, Clichés/tendances

À table…

Image

Est-il nécessaire de trouver une raison de vivre avant de vivre ?

La cage d’escalier des appartements privés de l’hôtel Nissim de Camondo, Paris, gildalliere, 2020

La lumière de l’année à venir passe à peine par le chat de la cage d’escalier de l’année 2020. Mais demain soir c’est le réveillon de tous les dangers. Six, sept, huit, quinze, trente, qui se croient au-dessus des lois à dépasser la jauge d’invités autorisés pour le réveillon du nouvel an ? Ben faut vivre non ? Et la culture, comment elle va ? Ce soir je pense à ce couturier visionnaire que j’ai bien connu. Pierre Cardin nous a quitté ce 29 décembre, à l’âge de 98 ans. Quelle vie, quel talent. Il était un des cinq français les plus connus au monde. Il a enchaîné les inventions futuristes, lancé la première ligne de vêtements pour homme, un homme d’affaires touche-à-tout et un franc-parler qui était le sien. « J’appartiens à l’époque des zazous, des hippies, de Saint-Germain-des-Prés, du temps de Beauvoir, de Sartre et de Gréco. Je suis un dinosaure, et pourtant, le plus ancien couturier aux commandes de sa maison ». Et en vérité il est mort fier d’avoir eu raison avant tout le monde.

Clichés/architecture, Clichés/décoration, Clichés/design, Clichés/expositions, Clichés/Inspiration, Clichés/interiors, Clichés/photos, Clichés/tendances

Est-il nécessaire de trouver une raison de vivre avant de vivre ?

Image

Est-ce-que vous savez que vos déchets peuvent devenir des oeuvres d’art ?

La coupole du grand Palais, Paris, gildalliere, 2020

L’année est bientôt terminée. Celle de toutes les distances et malgré le couvre-feu, vous êtes bien résolus à lui faire la fête, alors je vous en supplie arrêtez de balancer tous vos déchets sur les trottoirs, il y a des poubelles pour ça. Et si vous êtes désœuvré, en mal d’amour, où le cul coincé dans l’angle de votre canapé devant une série de Netflix, voir en tête à tête avec votre première peluche, vous pouvez vous inspirer de l’œuvre de l’artiste Franck Scurti. Il réinvente le quotidien au jour le jour en ramassant tous les objets et matériaux que vous balancez négligemment dans les rues. Ses œuvres se constituent de matières dépourvues de valeurs, redéfinies et recomposées comme des rébus dont il est nécessaire de déchiffrer le sens. Emblématique de cette démarche, il a créé une guirlande, « de la maison au studio », à base de lacets noués entre eux et ponctués de petits déchets trouvés au sol. Cette ligne accrochée au clocheton de la nef du Grand Palais mesure 45 mètres. Elle est la réponse en un acte d’un artiste face à l’incivisme, l’irresponsabilité, et à une situation de crise. À vous de suivre…

Clichés/architecture, Clichés/collection, Clichés/design, Clichés/expositions, Clichés/Inspiration, Clichés/interiors, Clichés/photos, Clichés/tendances, Clichés/voyage

Est-ce-que vous savez que vos déchets peuvent devenir des oeuvres d’art ?

Image

La chute…

Sans titre, Michel BLAZY, 1993/1994, Provenant de la collection / Monnaie de Paris, gildalliere, 2017

Et si, au lieu d’accrocher vos guirlandes au sapin de Noël vous les étaliez au sol après les avoir fabriqués vous-même ! Avec tous les stocks de papier-cul que vous avez acheté au début du confinement, il y a de quoi faire et comme c’est Noël, tout le monde en viendrait à se toucher les boules joyeusement dans une grande symphonie d’orientations sexuelles. C’est l’œuvre de l’artiste Michel Blazy. Sa guirlande occupe tout l’espace droit du Piano Nobile de l’escalier d’honneur de la Monnaie de Paris, exposition en hommage au centre Georges Pompidou. Un courant d’air pourrait faire s’envoler les feuilles de papier Lotus rose mais on s’en fou. Après l’année anxiogène que nous avons passé ensemble à dévaliser les supermarchés il faut finir en beauté. C’est dérisoire, pauvre au possible, fragile, éphémère, mais tellement chic aussi ! Alors à vos rouleaux !

Clichés/architecture, Clichés/décoration, Clichés/design, Clichés/expositions, Clichés/Inspiration, Clichés/interiors, Clichés/photos, Clichés/tendances

La chute…

Image

Joyeux Noël…

Décor de Noël surdimensionné? gildalliere

C’est Noël. Alors pour commencer la journée je vous conseille d’écouter Daphnis et Chloé de Maurice Ravel et surtout le tableau numéro 3 : le lever du jour. Ce mouvement orchestrale est un chef d’œuvre. Vous assistez au lever du soleil dans une nature florissante qui se réveille et se teinte des couleurs changeantes de l’aurore. Des oiseaux piaillent, une cascade plonge dans un ruisseau. Au début vous n’êtes pas encore bien réveillé mais petit à petit les rayons du soleil percent l’horizon, promettant un jour radieux. Il monte lentement et les premières lueurs colorent les nuages de suaves nuances qui s’affermissent pour disparaître aussitôt. Des rouges, des mauves se mêlent au ciel encore sombre. C’est un rêve, le jour ouvre radieux ses bourgeons dans les champs du vide et je suis pareil à l’enfant qui appelle sa mère cent fois, heureux de pouvoir répéter : Maman, c’est Noël…
Céramique, Clichés/architecture, Clichés/collection, Clichés/décoration, Clichés/expositions, Clichés/Inspiration, Clichés/interiors, Clichés/photos, Clichés/tendances, Clichés/voyage

joyeux Noël…

Image

L’essentiel…

Promenade au parc Monceau, Paris, gildalliere, 2020

Le parc Monceau, l’arbre, le chemin, la lisière, à peine écrit je sens ces mots s’organiser en système séduisant. Et voilà la pluie qui vient arroser le tout. J’ai quitté les sentiers de l’Inde pour suivre celui qui mène au centre du « Moi ». À la recherche de la réalité retrouvée. J’aime cette barrière posée en myriades d’accents. Cet écran dressé au milieu de l’allée est diapré d’innombrables images qu’y peignent le jour et la nuit, toute brutale ligne droite exclue. Cette grande parade se déploie jusqu’au ciel et la densité du silence me ramène à l’essentiel. 

Clichés/Inspiration, Clichés/photos, Clichés/tendances, Clichés/voyage

l’essentiel…

Image

Paname…

L’hiver au Tuilleries, Paris, gildalliere, 2017

Retour à Paname. Le soleil a mis son pyjama. La roue de la fortune ne tourne plus. Le parler de mon cœur va se poursuivre désormais au milieu des klaxons de la capitale d’Hidalgo. Ce n’est qu’un après-midi enchevêtré dans la pluie et la pénombre, le vent est las et la lumière morte. J’ai partagé mon voyage à Bénarès à travers les solitudes des mondes, laissant ma trace sur maintes étoiles. C’est le parcours le plus distant qui me rapproche le plus de vous. J’ai laissé mes yeux longtemps s’égarer au loin, de l’autre côté du fleuve, avant de les fermer sur la ville sans lumière et de me dire : je suis.

Clichés/Inspiration, Clichés/photos, Clichés/tendances, Clichés/voyage

Paname…

Image

La libération…

La crémation, Manikarnika Ghat, Varanasi, Inde, gildalliere, 2008

Ce sera la seule photo en noir et blanc de ce voyage qui arrive à sa fin. À Manikarnika ghat, ce qui brûle là, ce sont des corps. Les défunts sont enveloppés dans un tissu safran et doré, posés sur des brancards couverts de fleurs. La crémation et la dispersion des cendres dans le Gange permettent à l’hindou d’atteindre la moshka, la libération, c’est-à-dire de sortir du cycle des réincarnations. Le corps est plongé dans le fleuve, puis arrosé de beurre clarifié, le ghee. Les membres de la famille versent de l’eau dans sa bouche à cinq reprises. Le fils aîné, vêtu de blanc, tête rasée, porte le feu au bûcher et fait éclater le crâne du défunt pour libérer son âme. Maman je suis bien là pour toi. Les étoiles ont ciselé leurs annelets de lumière pour couvrir tes pieds. L’amour émane de toi ; il t’appartient de le donner et de le retenir. Mais ma tristesse est bien à moi, et quand je te l’apporte en offrande, ta grâce me vient en récompense.

Clichés/Inspiration, Clichés/photos, Clichés/tendances, Clichés/voyage

La libération …

Image

Face à face…

Ganga, Varanasi, Inde, gildalliere, 2008

De la terrasse du palais, après avoir compilé les tables astronomiques, je me suis penché sur le fleuve infini. Tes millénaires d’existence se succèdent pour parfaire un frêle œillet d’Inde offert à Shiva. Ici, c’est ainsi que le temps passe. Dieu prend la forme d’un guru, apparaît à son adorateur, lui enseigne la vérité et qui plus est, purifie son esprit. Pendant ce temps, le fleuve accomplit sa tâche quotidienne, il se hâte vers les rives de la cité sacrée. Face aux crémations, le bois de santal adoucit l’air de son parfum. Sous ton grand ciel, en silence et en solitude, je me tiens devant toi face à face et je plonge dans les eaux vastes de la vie. L’air est impatient de me voir revenir, le vent s’élève, un frisson effleure ton lit. Là, près du gué, dans la petite barque, un homme inconnu joue de son luth.

Céramique, Clichés/Inspiration, Clichés/photos, Clichés/tendances, Clichés/voyage

Face à face…

Image

Au plus près des étoiles…

Jantar Mantar, sur le toit du palais de Mana Mahala, Varanasi, Inde, gildalliere, 2008

Lorsqu’au matin mes yeux se sont ouverts à la lumière, je me suis retrouvé encore plus haut qu’hier sur le toit du palais du maharaja de Jaipur. C’est le Jantar Mantar. Une installation architecturale surdimensionnée de treize instruments astronomiques qui permet d’élaborer des thèmes astraux et de déterminer les dates idéales pour différents événements comme les mariages. J’ai aussitôt senti que je n’étais pas un étranger et que l’inconnaissable sans forme et sans nom m’embrassait. J’ai goûté au miel secret de cette installation qui s’étale au dessus du Gange, sur l’océan de la lumière. J’ai joué sur ces formes infinies et là, face à cet escalier, le Samrat Yantra, j’ai aperçu celui qui est sans forme. Mon corps entier a tressailli.

Clichés/architecture, Clichés/design, Clichés/Inspiration, Clichés/photos, Clichés/tendances, Clichés/voyage

Au plus près des étoiles…

Image