Le livre est sorti en 2012, mais j’avoue que j’ai été marqué par ce tour du monde où la teinture à l’indigo reste un savoir universel. Partout elle se déroule selon le même processus : la culture ou la cueillette de la plante, l’extraction du pigment, le montage de la cuve, le fil ou la toile teints qui émergent du bain et dont se saisissent le tisserand puis le couturier et le brodeur qui transforment le tissu en de sublimes vêtements. Cette couleur, universelle, est celle de l’humble comme du noble, du rentier comme de l’industrieux, du travailleur manuel comme du banquier. C’est la chemisette bleue et le bermuda délavé de l’Américain de Nouvelle-Angleterre comme la tunique du paysan chinois repiquant du riz dans la brume des montagnes du Guizhou. C’est le turban de l’indien du Rajasthan dans les rues de Jodhpur. C’est le tablier sur lequel la lavandière s’essuie les mains, le droguet du maquignon, la salopette graisseuse du mécanicien, le blue-jeans du fermier photographié par Walker Evans. Catherine Legrand parcourt pendant plus de 2 ans la planète pour réaliser ce travail exceptionnel sur la manière dont l’Indigo est cultivé et utilisé dans le monde aujourd’hui. Elle a en rapporté une iconographie et des témoignages qui font de ce beau livre une référence unique sur ce sujet.
INDIGO
Catherine Legrand
Éditions La Martinière
2012, 287 pages
http://www.editionsdelamartiniere.fr