Il pleut
Photo/Gilles Dallière/Promenade des Anglais/Nice
Il pleut. Ce n’était que des gouttes qui rebondissaient sur l’ocre rouge du trottoir avec des éclatements semblables à de minuscules baudruches. Puis les gouttes se sont élargies, sortes de vastes feuilles couvrant le sol de leurs mains invasives. Elles en ont abstrait les hommes, leurs soucis. Il n’y a plus d’anatomies visibles, plus de souffle, plus de vie sur la Promenade des Anglais. Tout est devenu gris, lourd, couleur graphite, gonflé de liquide. Il pleut à verse. C’est tellement inattendu. Il pleut une suite de sons résonnant dans le vide, comme la peur ricochant sur les galets de la Baie des Anges. Et dans le reflet de cette faille, entre l’ombre des gloriettes et la lumière, je ne verrais pas le ciel bleu jusqu’à mon retour.