Canicule

ma chambre, paris, gildalliere, 2018
Photo/Gilles Dallière

Son ombre est passée devant moi, la chaleur est stagnante et il n’y a pas un souffle d’air. Les zones d’ombre disparaissent dans un gris profond tandis que les draps s’entremêlent de blanc. Les couleurs de la peinture se succèdent jusqu’au noir. Le lit est séparé de la ville par le silence où seul se fait entendre le gazouillis des oiseaux au petit matin. Cette harmonie secrète mène à l’indolence, l’envie vous gagne de laisser le temps couler.

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Canicule

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Palais Caïs de Pierlas

Le palais Caïs de Pierlas, Nice, gildalliere, 2017
Photo/Gilles Dallière

Tu es purement spectaculaire dans le désordre du Cours Saleya. Ta façade attire tous les regards passionnés mais l’ocre de ton jaune brûlé par le soleil paraît bien fatigué. Ton crépi s’effrite, tes persiennes n’en peuvent plus d’être fermées. Ton désordre a du charme tu sais mais aujourd’hui il a besoin d’être courtisé. De livrer ses mystères, de refléter cette lumière chère à Matisse. Il a boulonné son chevalet au quatrième étage créant une baie vitrée sur la Promenade des Anglais pour mieux absorber la lumière. Cette lumière monumentale qui s’éteint aujourd’hui face à ta décrépitude. L’ouverture est barrée d’un volet roulant cassé. Tes lignes baroques sont ficelées pour ne pas s’écrouler. Réveille toi merde, dévoile tes multiples dérobades, livre tes secrets d’alcôve. Tu es devenu sec, désert et austère et pourtant je t’aime passionnément.

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Palais Caïs de Pierlas

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France/Danemark

Baigneur, Nice, gildalliere, 2016
Photo/Gilles Dallière

T’as pris la balle au bond et dans ce monde complètement foot, tu es KO. Tu sens le houblon et la mousse pour signifier ton désamour pour un monde qui ne tourne pas rond. Il a suffit d’un seul tir à la 82e minute et tu t’es allongé là, sans rythme et sans idée, inoffensif, l’amer est difficile à digérer. Tu as attaqué dans le désordre les deux lignes danoises qui coulissaient parfaitement sur la largeur du terrain. Zéro/zéro, c’est le néant. Tu as mis ta serviette sur la tête, ton vague à l’âme à marée basse. La marée, je l’ai dans le cœur qui me remonte comme une envie de t’envoyer Lionel Messi au cul. Mais ça c’est pour samedi. Leo étalera toute sa classe technique comme une mathématique blanche et bleue. Il passera en revue toute La Défense tricolore à une folle vitesse et conclura la contre-attaque d’une frappe pure à ras du poteau. Un but à la Messi. Le frisson garanti mon pauvre ami. Alors avant qu’il soit trop tard, réveille toi, fais moi rêver en bleu blanc rouge.

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France/Danemark

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Le bel azur se met en rage

Promenade des Anglais, gildalliere, 2018
Photo/Gilles Dallière

Parle moi de la pluie et non pas du beau temps, le bel azur se met en rage. Il emporte avec lui la Promenade des Anglais et l’horizon mouillé s’efface dans le mouvement saccadé des arbres sous l’orage. La traîné de nuages dans le ciel tourmenté me fait perdre la tête. Il ne reste plus rien que l’eau qui colle au gris bleu acier de la palissade. En un éclair, mon regard se met au service du trouble.

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Le bel azur se met en rage

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les bains publics

Douches, Nice, gildalliere, 2018
Photos/Gilles Dallière

Sous la pesante chaleur, dans l’éblouissement furieux de la lumière, la grille s’intègre au contre espace. Tout est affaire de décor. L’angle mort de la Promenade c’est la descente aux bains publics ou seul les bruits d’ablution viennent perturber le silence. Faire du sens en utilisant les surfaces, les matières, les lignes de fuite, cela ne suffit pas à illustrer ce rapport des bains de la ville, entre l’intime et le public. J’ai posé le décor, celui de l’intention, il y a de la place pour la surprise, la déception, ou l’émerveillement. Il ne reste que dans ce bain de multitude, la ville est entre parenthèse et les murs sont couverts de graffitis dans lesquels s’exprime toute la misère sexuelle du monde.

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les bains publics

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Les emprunts de l’antique

Église Notre Dame du Port, Nice, gildalliere, 2018
Photo/Gilles Dallière

Notre Dame du Port laisse sa trace dans le paysage architectural de Nice. Dieu seul le sait ; elle est belle comme l’antique. Un seul trait sur l’azur du ciel et le fond outremer du bassin Lympia. Un fronton, un portique et des vagues de chapiteaux, de colonnes, de frises, de rinceaux et de festons, cadrent la perspective s’inspirant du style palladien. Les courbes sont abandonnées. Le clou du spectacle : une façade élancée dont l’ornementation est empruntée au vocabulaire néoclassique. Elle a su épouser la révolution, illustrer le Directoire et le Consulat et offrir son décor à l’Empire. Du bout de la digue, dans l’étroitesse du bassin, il y a de l’immensité.

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Les emprunts de l’antique

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Instant donné

L1011958Pause cigarette, Nice, gildalliere, 2018-Modifier.jpg
Photo/Gilles Dallière

Je me suis posté place Saint François devant un décor composé. J’ai attendu que quelque chose surgisse lorsque l’apprenti du supermarché Express s’est assis sur la main courante. Profitant de cet instant, j’ai fini par cadrer le blanc contrasté de son bleu de travail sur les profondeurs de la place. Il prit de la distance, tira un paquet de cigarettes écorné et en alluma une. Soudain joueur, en soufflant cette fumée tranquillisante dans l’air chaud de l’été, il s’est mis à me regarder par intermittence. Tout est à sa place. C’est l’instant décisif et il faut le saisir avant qu’il disparaisse.

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Instant donné

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L’ocre de tes murs

Les ocres de Nice, gildalliere, 2018.jpg
Photo/Gilles Dallière

À “Nicaea”, sur un ciel essoré, le noir et blanc de mes envies s’incline devant l’épure de ta lumière. Entre les murs, de quoi nourrir mon appétit de couleurs vives, elle tranche comme une lame la beauté de tes aplats. Je saute dans le vide de ta venelle et mon ombre se déshabille dans l’ocre de tes murs. Dans ce crépuscule en couleur annoncé, l’empâtement des jaunes pose au soleil couchant tandis que l’ocre rouge frotte le gris bleuté des marches de l’escalier. Au creux des murs maçonnés un glacis vert pousse l’argile vers sa puissance maximale.

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L’ocre de tes murs

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Son ciel, sous le ciel

Sainte Réparate, Nice-Modifier.jpg
Photo/Gilles Dallière

Loin de la géométrie étroite des ocres jaunes de la rue, Sainte Réparate prend ses aises, grignotant le bleu de l’azur destiné aux mouettes. À la croisée du transept, son ciel sous le ciel, recouvert de tuiles de couleur vernissée, abrite une mosaïque de richesses. Il y plane l’idée de s’enfoncer un bout de ce bleu dans le crâne en ayant la sensation que Dieu a fait le monde et qu’il nous l’a laissé en souvenir. Et vous pouvez tourner la tête, à droite, à gauche, retenter l’expérience à l’infini, une discontinuité de décors s’offre à l’œil nu. Des lignes de stuc, des chutes d’or, des greffes de couleur, des copeaux de marbre, perpétuent l’histoire de la cathédrale. Le présent est son temps, l’instant, mon refuge devant l’infiniment beau de cette coupole presque dépouillée.

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Son ciel, sous le ciel

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Le mystère de l’Annonciation.

Sainte Rita, Nice, gildalliere, 2018
Photo/Gilles Dallière

Le vieux Nice est une terre d’élection pour l’art baroque. L’église de l’Annonciation dédiée à Sainte Rita de Cascia en est son chef d’œuvre. La Sainte patronne des causes perdues et désespérées se cache dans la profusion exaltée du décor. Stucs, angelots joufflus, dorures, fresques, entraînent le regard dans un tournoiement infini vers le ciel d’une étrange demi-coupole qui surmonte les ors d’un cœur en hémicycle. À nous les colonnes torses, les anges virevoltants, les jeux de lumière. Ils témoignent tous de la présence divine. Le regard est happé par le demi-cylindre du chœur souligné par sa hauteur dépassant nettement celle de la nef. Dans un décor champêtre, au centre de la « porte du ciel », la lumière de l’Esprit Saint envahi la beauté du visage de la vierge.

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Le mystère de l’Annonciation.

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