FOLIES IMPERIALES

Ce n’est pas du tissu mais la toute nouvelle collection de papiers peints chez Braquenié, et il y a de l’impérial dans l’air. Oui madame, il y a du style dans ce télescopage de rêveries d’Orient. Le rendu chromatique est issu d’un bricolage inspiré de motifs et de couleurs à faire chavirer toutes les « Bovary » qui se morfondent dans leurs appartements du XVIème arrondissement. Guirlandes fleuries, tapisseries, cachemires, toiles de jouy, rayures, jardins d’hiver, composent de véritables décors panoramiques. La collection « Impératrice Eugénie », symbole d’une opulence artistique parfaitement revisitée va faire la joie de nos grands décorateurs. À eux donc d’anoblir nos murs d’arabesques, de dentelles et de draperies tel des oeuvres d’art à part entière.

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Clichés/décoration

Folies impériales chez Braquenié

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Clichés/expositions

Voir et être vu…Il était une fois…J-2

Nager en eaux troubles, Hossegor, 2014, gildallière - copie

Photo/Gilles Dallière, Hossegor, 2014

Il était une fois… Un roi jaloux de son pouvoir.
Il dirige la vie de ses sujets jusque dans le moindre détail et exige de tous une obéissance aveugle. Pourtant, il n’est pas heureux car il se dit : Ils m’obéissent parce que je suis jeune et fort. Mais quand je ne serai plus qu’un faible vieillard, ils n’auront plus peur et se révolteront.
Alors, pour paraître toujours plus jeune, il se fait teindre les cheveux, se fait masser le visage et le corps avec des pommades, et achète à tous les charlatans de passage des élixirs de jeunesse.
Un jour, il se rend compte que ses plus proches serviteurs ont des rides et des cheveux blancs et il se dit : Ils sont nés en même temps que moi et nous avons grandi ensemble. A quoi me sert de paraître jeune, s’ils peuvent lire sur leur propre visage l’âge que j’ai réellement.
Il fait couper la tête de tous ses serviteurs et fait proclamer cet édit dans tout son royaume : Sa majesté ne veut que des sujets jeunes et vaillants. Les cheveux blancs ont trois jours pour quitter le royaume. Passé ce délai, les vieillards auront la tête tranchée. Mais parce qu’elle est aussi généreuse que puissante, Sa Majesté offre aux fils de racheter les pères : celui qui repêchera le vase d’or tombé au fond du lac sauvera la vie de son père. En cas d’échec, ils mourront tous les deux.
En apprenant l’édit, certains firent fuir leurs pères dans un pays étranger, d’autres les cachèrent, d’autres se présentèrent au palais pour tenter de repêcher le vase d’or. Mais aucun plongeur ne réussit a le ramener et, jour après jour, des dizaines de jeunes gens tombèrent sous la hache du bourreau.
Un jeune garçon vient lui aussi au bord du lac et regarde dans l’eau transparente : le vase brille, posé sur le sable du fond. Il semble qu’il suffit de tendre la main pour le saisir. Pourtant, tous ceux qui plongèrent ce jour-là remontèrent les mains vides et eurent la tête tranchée.
Le garçon tout pensif, rentre chez lui, prend de la nourriture dans un sac et prend le chemin de la montagne. C’est là, au fond d’une grotte, qu’il cache son vieux père pour le protéger du cruel roi. Pendant que l’homme mange, il reste silencieux.
Toi, le plus dévoué des fils, dit le vieil homme, pourquoi es-tu si triste ? Peut-être es-tu las de faire chaque jour tout ce chemin pour me nourrir ?
Non, père, s’écrie le garçon. Je peux parcourir trois fois cette distance, pourvu que tu sois en sécurité. Mais je pense à ce vase, au fond du lac. On le voit mais on ne peut l’attraper. Pourquoi ?
Le père réfléchit un moment puis demande, y a-t-il un arbre sur la berge à l’endroit où l’on voit le vase ?
Oui père », dit le garçon. Et ses branches se reflètent dans l’eau ? Bien sûr, répond le garçon.
Si tu veux saisir les branches de l’arbre, tu n’essais pas de les attraper dans l’eau, n’est-ce pas ? Eh, bien, c’est la même chose pour le vase ! En réalité il est dans l’arbre et ce que les plongeurs essayent de ramener , ce n’est qu’un reflet.
Le garçon embrasse son père, rentre chez lui et, le lendemain, à la première heure, il se présente au palais pour tenter l’épreuve. Devant les assistants stupéfaits, il grimpe dans l’arbre et décroche le vase.
Porté en triomphe par le foule, le garçon se présente devant le roi, le vase sous le bras. Comment as-tu deviné que le vase était dans l’arbre ? demande le roi, bien étonné.
Ce n’est pas moi qui ai eu cette idée, c’est mon père ; il est caché dans la montagne pour être à l’abri de tes soldats.
Le roi reste songeur. Il se dit : Plus de cent garçons se sont précipités tête la première dans le lac, sans deviner la ruse et ce vieillard au loin dans la montagne a tout compris.
Peut-être que les hommes âgés sont plus sages que les jeunes.
Le roi donne l’ordre d’annuler le décret et depuis, dans ce pays, tout le monde respecte les hommes aux cheveux blancs.

La galerie des photographes
56 rue de la Rochefoucauld
75009 Paris

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Clichés/expositions

Voir et être vu : Repérage des lieux, J-3

Voir et être vu : Repérage des lieux, J-3

Le monde apparaît, mais il n'est pas là, Milan, Italie, 2005, gildallière - copie
Photo/Gilles Dallière, Milan, 2005

Au bout de la nuit, sous la pluie, le silence me trouble. Je suis en reportage, l’appartement est bien là. Il faut franchir les portes closes, gagner la confiance des gardiens du temple, se faire accepter dans leur intimité ; une longue mise à l’épreuve imposée à l’étranger que je suis. Milan en hiver est si puissante à inspirer les artistes pour faire rêver le monde, tout à coup reine de la mode puis solitaire, reine du design puis repliée, presque maussade dans la brume irréelle d’une pollution dévorante. Sa fierté, sa capacité de vous refuser puis de vous accepter, de vous faire languir, douter et parfois, enfin, de vous aimer.

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Voir et être vu : J-8

Tanger, Maroc 2012, gildallière, La géométrie de l'ouvrier-gildallière - copie
Photo/Gilles Dallière, Tanger, 2012

Je me souviens des éclats dorés du soleil sur les larges ouvertures de cèdre de cette pension. Je file dans les étages explorer les chambres aux portes entrebâillées. L’obscurité des couloirs, la résonance des pas des hommes, le rauque de leur voix, c’est du vertige en réquisition. Sur cette terre d’Afrique blanche, j’observe ce refuge kitch et tout à coup la canicule me prend au col. J’erre dans les marges de cet espace confiné, ce paradis de pauvre, illuminé par le zénith de son toit de verre. Ça ressemble à un bouge comme il y en a beaucoup dans la médina. Je me fais inviter à le photographier, obstiné, comme si l’espace d’un instant j’appartenais à ce vestige condamné des grandes heures de Tanger.

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