Instant donné

Delhi bain f4
Photo/Gilles Dallière

Les gens de ce pays ne nous ressemblent pas. Ils sont là dans leur distance, le lit du fleuve s’efface. L’anthologie des ombres écrit les corps comme un fruit silencieux et quand ils vous regardent, ils ont la pureté d’un diamant fiché au fond des yeux.

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Instant donné

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La pose

Altan, gildalliere, Paris, 2017
Photo/Gilles Dallière

Il porte instinctivement la main à sa tête, relevant les imaginaires cheveux qu’il croit tombés sur son front, rectifiant l’accroche-cœur noir qui dessine une virgule en haut de sa tempe. Il est un peu nerveux de me voir silencieux. Il est assis et je demeure debout devant lui mon Leica à la main. Nous éprouvons une gêne de ce manque de courtoisie de l’un, de cette humilité de l’autre. Quelque chose l’arrête enfin lorsqu’il aperçoit le changement de décor au dessus de la commode. La lumière est parfaite, elle tombe du plafond de la chambre voilée par la transparence des rideaux. Il semble embarrassé, tourne la tête et regarde par la fenêtre, les coudes sur les genoux tellement l’assise de la chaise est minimale.

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La pose

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La table est dressée


Photos/Richard Alcock/Direction artistique/Gilles Dallière

La table est dressée, Eurydice s’amuse du visage d’enfant et les ombres des couverts en profitent. Les porcelaines Raynaud rendent un hommage appuyé au travail de Jean Cocteau. Une très belle collection d’assiettes, de plats, de tasses et de petits cadeaux griffés par la main du poète surréaliste. Je rends hommage à l’angle de réflexion du photographe espagnol Chema Madoz en mettant en scène cette collection. J’ai épié les pastels poudrés, la profondeur des noirs cherchant à deviner leur face cachée. Avec Richard, nous avons manipulé l’image, métamorphosé les lignes, les ombres avec la légèreté liée à l’idée du jeu, parce que pour comprendre la poésie, il faut être capable de retrouver son âme d’enfant.
http://www.raynaud.fr

 

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La table est dressée

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La tournure


Photos/Richard Alcock/Gilles Dallière

Être bronzier d’art requiert des connaissances en dessin, ciselure, tournure, monture… Les tâches sont différentes selon les étapes de fabrication : les pièces étant fondues, moulées, puis tournées, ciselées et montées. Chaque intervenant sur une pièce tient un rôle particulier dans la chaîne. Le tourneur reçoit l’objet à la sortie de fonte et le travaille à la main sur un tour. Un bronze de la Maison Charles n’est pas fait pour être embrassé d’un seul coup d’œil. Il doit être deviné dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l’un ou l’autre détail. Le tourneur ébarbe, poli, creuse, suscite des résonances inexprimables. Il imprime les rayons de lumière, l’un ici, l’autre là, tissant sur la trame du bronze ou du laiton comme une empreinte faite de ces dessins historiques à poudre d’or.
http://www.charles.fr

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La tournure

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LA CISELURE


Photos/Richard Alcock/Gilles Dallière

J’ai toujours entendu parler de la Maison Charles. J’ai bien connu Christiane Charles mais je n’étais jamais allé dans les ateliers de Saint-Denis. L’atmosphère y est presque familiale. J’y suis resté trois jours à saisir l’insolite d’un décor, les pas feutrés du sculpteur, les gestes mystérieux des danseurs artisans dans la pâleur des néons suspendus, leurs mains, leurs regards, la beauté d’un détail. Ici, le ciseleur nous envoie dans le décor. Il a le devoir de faire dire au métal ce que le sculpteur n’a pu lui donner. À l’aide de ses propres outils, d’un marteau et des différents ciselets, il se met à retoucher la pièce brut de fonderie, ce que ne livre ni la terre ni la cire ni le bois, cette fleur de l’épiderme, la maille du tissu, les nervures des feuilles, le moiré des fleurs, tout cet infini délicat qui charme l’œil et donne la couleur et l’esprit à la matière. Chaque pièce est unique.
http://www.charles.fr

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La ciselure

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L’art du feu


Photos/Richard Alcock/Gilles Dallière

Le matin est froid et le hangar est grand. Le bronze coule dans un bruit de volcan. Il réveille la forêt et les fenêtres deviennent blanches. À l’intérieur de la Fonderie d’Art Lambert, aucune parole n’est possible et à cet instant une émotion merveilleuse dilate tout mon être, et moi seul le sais. La magie du feu bienfaisant brûle chaque matin jusqu’à la dernière coulée de la mi-journée. Chauffée à 1200° elle ne peut se faire que dans des moules qui résistent à cette température. L’empreinte est prise alors dans un sable étuvé humide et bien tassé. Talqué, il se dessèche en montant en température. C’est alors qu’il devient dur et résiste parfaitement aux 1200° du bronze en fusion. Sous la voute de tôle, le feu est dense. Sa lumière efface celle du soleil et rayonne au-delà de tout. Ses couleurs sont si intenses qu’on ne peut le fixer. Il éclabousse le sol avant de se figer par le froid.
http://www.fonderie-bronze-art-lambert.fr
http://www.Charles.fr

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L’art du feu

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