La lumière vernissée…

Jeux d'eau, Nice, gildalliere, 2016
Photo/Gilles Dallière/Nice

On bouge dans un cauchemar, un monde de sable et d’air qui a la couleur de l’ambre. C’est que nous sommes en plein Paris. On peste, on sue, on gesticule. Il faut fuir, aller n’importe où. La chaleur est intense, humide, crasseuse, et tous les enfants qui s’aspergent ne voient pas les arbres s’opaliser, les jardins poussiéreux se dresser au milieu d’une succession infinie de banlieues et d’usines, de centres commerciaux et de squares, tous silencieux et oubliés sous une mante de lumière vernissée.

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La lumière vernissée…

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Les herbes folles…

Les serres, gildallière, 2020, Tanneron
Photo/Gilles Dallière

J’ai cherché la lumière de l’ombre de chaque brin d’herbe folle accroché à la serre. Le soleil s’appuie sur le vitrail cintré. La poussière soulevée par les verres cassés retombe dans la rumeur assoupie du jour. C’est l’heure chaude où l’herbier sauvage s’accroche, se tord, s’effiloche, s’offre un peu de repos, repart droit au ciel, se précipite, s’allonge, étale ses végétations entre les minces colonnettes de fer, dans toute la solitude du monde.

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Les herbes folles…

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La pose…

Castro nu masculin exposition, Folegandros, gildalliere, 2006
Photo/Gilles Dallière/L’atelier/Folegandros/Grèce

Il y a des jours comme ça où il y a un homme, nu, immobile, figé. Dehors, le ciel est immense, si vivant. À l’intérieur, dans une atmosphère silencieuse, méditative et feutrée, la nudité donne de la puissance. Sans un murmure il offre l’indicible perfection de ses muscles, de son sexe, aux crayons, aux fusains, aux pinceaux et pastels. Il bouge le moins possible et il y a si peu de vie entre l’homme et l’artiste que le moindre écart peut tout faire basculer. La pose terminée, le jeune homme s’étire, se dégourdit, regarde ma peinture, se réjouit, s’élance et disparaît. Voilà. Le manque s’efface, s’écarte, s’éteint et l’air se met à circuler.

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La pose…

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À la recherche du silence…

Atelier deSuzanne Valadon, Musée de Montmartre, rue Cortot, la suspension, gildalliere, été, 2020
Photo/Gilles Dallière/Musée Montmatre

Hier après-midi je suis allé au musée Montmartre, voir la très belle exposition « la révélation de l’abstraction », sur l’un des plus grands créateurs de l’art non-figuratif : Otto Freundlich. Une grande rétrospective, 80 œuvres, sur cet aventurier de la couleur et de la matière, qui a côtoyé toutes les avant-gardes. Mésestimé par les allemands, il fut déporté et assassiné en 1943. En sortant, je suis repassé par l’atelier de Suzanne Valadon à la recherche du silence. J’y ai mis en scène la petite coupelle de verre givré, effacé les reliefs pour privilégier la surface nue du lambris. Et la voici sur un fil, agacée d’être allumée en plein jour.

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Paradis perdu…

Le paradis perdu, Cythère, gildalliere, 2017
Photo/Gilles Dallière/Cythère

Après la crise, il est de bon ton de donner une dimension révolutionnaire à tout mouvement impliquant une partie de la jeunesse et bizarrement des trentenaires. Cet après-midi, tout est devenu si dément au milieu de cette manifestation, qu’il n’était pas bien difficile de se demander : dans quel monde vit-on ?
On est passé du bleu-blanc-rouge au noir, et il n’en faut pas plus à des adolescents ivres d’irrévérence pour se parer avec ostentation des défauts que leur prête l’autorité. Tu traînes ton ennui, petit nuage, et moi, cloué au sol par un gaz lacrymogène, je t’enferme dans une image loin des orages.

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Paradis perdu…

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Clair-obscur…

Place Jean-Baptiste Clément, Paris, gildalliere, 2020
Photo/Gilles Dallière/Place Jean-Baptiste Clément/Paris

Parce que les gens s’installent sous les fenêtres, les habitants de cet immeuble ont enduit d’un blanc poudré et épais leur trottoir. La rue devient alors une ombre noirâtre, comme une couche de poussière, soulignée par la blancheur translucide de cette ligne hallucinogène. Un jeu trompeur et éphémère de clair-obscur, contre l’incivisme. Le blanc immaculé rebondit sur les volutes de fer forgé, révélant les ténèbres d’un univers ambigu où l’ombre et la lumière se confondent.

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La fluidité du regard…

L'arbre, Abstraction, Montmartre, Paris, gildalliere? 2020 L1017699-Modifier
Photo/Gilles Dallière/Montmatre

Alors ça y est, l’heure est arrivée. On va pouvoir se promener main dans la main dans les allées de nos parcs favoris, boire un verre à la terrasse de nos cafés adorés. Quoique, avec un nombre de couverts divisés par deux, la bagarre risque de vite tourner court. Alors pas de panique, la curiosité, la fluidité du regard, la jouissance du petit rien, me font abandonner le monde à sa frénésie pour m’entretenir avec les oiseaux. Passer de l’œil qui lit à la main qui écrit cet arbre magnifique. Je me jette dans le cœur de ses secrets, ses amours, le murmure tout bas des vents. Tu fais le beau, planté au milieu de la ville, et surtout, tu me fais signe de me taire.

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Les stigmates de la fin…

Pivoine éclatée, gildalliere, 2020
Photo/Gilles Dallière/Pivoine

J’ai isolé la fleur piégée dans le cadre. J’ai fait surgir des détails presque artificiels. J’interroge la fragilité de la matière. Les anthères sont en lévitation. Elles pèsent lourdement sur les filaments qui encadrent les stigmates d’une fleur fanée. Elle pulvérise la couleur. La pivoine pourrait être dessinée, modelée, taillée, amplifiée, défigurée, épurée, absente…
Elle est recroquevillée comme pour ne pas déborder du cadre : confinée.

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La vraie vie…

Pivoine fanée, Paris, gildalliere, 2020
Photo/Gilles Dallière/Pivoine

Alors que ma vie confinée laisse libre cours à bien des interrogations, il est peut-être temps de réfléchir à ce que pourrait signifier la vie après. Aujourd’hui, comme cette pivoine fanée qui a le dédain de la mort, ma vie s’est rapetissée, engluée, éteinte, alimentée par des médias, des réseaux sociaux anxiogènes et polémiques qui la menace. Et quand je vois dans la rue tous ces gens qui reprennent une vie normale, il faut que je mesure l’infinie richesse du mot vrai. Demain, je serai de ceux qui incantent la dignité, qui espèrent l’harmonie toujours plus grande, qui vénèrent la vérité, qui aiment l’absolu et l’intemporel.

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Le monde à ma fenêtre…

Les sultanes, le jardin des Biehn, Fès, Médina, Maroc, gildalliere, 2020
Photo/Gilles Dallière/Les Sultanes/Le jardin des biehn/Fès/Médina/maroc

Il est sept heure du matin, j’ai tiré les épais rideaux de la suite « les Sultanes » pour laisser passer la lumière de la galerie qui donne sur le patio. Un rayon de soleil s’invite sur les zelliges bleus, caressant les courbes de l’ouverture mauresque. Il vient s’étaler là pour reprendre son souffle avant d’aller brûler le moucharabieh de la terrasse ouverte sur les tombeaux des Mérinides. Sur le lit défait, le rayon vient alors s’allonger, déposant un baiser en guise de bonjour, puis il se retire en silence. Il ne reste de sa présence qu’une douce chaleur sur mon corps allongé.

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Le monde à ma fenêtre…

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