L’été 80…

« La mer est changeante, l’espace d’une nuit elle est mauvaise et puis brusquement au petit matin la voici de nouveau calme, elle redevient bleue et se remplit à nouveau de voiles blanches et de soleil. Les pétroliers sont de nouveau là, en file indienne devant les falaises blanches d’Antifer. La mer est très basse en ce moment, elle est très loin, de la chambre noire je la vois bien, et elle laisse derrière elle des lacs, des îles, des archipels noyés de brume, des pays entiers de sables gorgés d’eau. La jeune fille et l’enfant ont traversé les sables découverts et ils sont allés dans la baie, du côté des pieux noirs, vers le chenal ».
Extrait, Marguerite Duras, L’été 80, Collection « double », les Éditions de Minuit