À la recherche de la vérité…

Le rickshaw, Varanasi, Inde, gildalliere, 2008

J’ai retrouvé mon chemin. Je ne me suis jamais découragé d’être parti à la recherche de la méditation. Malgré les refus de moins en moins courtois des habitants, la nourriture ignifugée, la tourista en embuscade, les infirmes se traînant sur les trottoirs, les tas d’ordures, les chiens, les odeurs, la circulation assourdissante, les vaches, les singes, les rickshaws édentés, la moiteur écrasante, les guides qui vous traquent, l’Inde quoi, j’ai compris qu’au lieu de chercher ce que je n’ai pas, je dois retrouver ce que je n’ai jamais perdu.

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À la recherche de la vérité…

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Entre ombre et lumière…

Vue sur le Gange, Varanasi, Inde, gildalliere, 2008

Je me suis isolé, très loin de tout et de tous. J’ai pris de la hauteur dans tous les sens du terme pour mieux voir le courant indifférent filer à la lisière d’un banc de sable et d’un amas de verdure. Ça et là quelques barques se laissent bercer par le clapotis cristallin de son cours assombri par la cendre des crémations. Il en brûle près de 30 000 par an et le feu ne s’est jamais éteint depuis que la ville est ville, c’est à dire 3000 ans. Le Gange serpente entre ombre et lumière, et la pâleur des fastes de la cité épuisée ne le trouble guère. Sa richesse ne fait pas tapage, sa pauvreté ne le ternit pas, les deux l’embellissent. Seul, sur cette terre sacrée courent les pas d’un homme pressé de sortir de mon cadrage.

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Entre ombre et lumière…

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À la recherche de l’ultime guérison…

Le temple de Kanchi Kamakoti Peetam, Varanasi, Inde, gildalliere, 2008

Tout homme est hindou, par essence, car l’hindouisme est la recherche du bonheur. Ici, il n’y a pas de dieux tristes. Ils symbolisent tous la plénitude. L’hindouisme n’est pas l’enseignement unique d’un prophète ou d’un sage, contrairement au christianisme, où a l’islam, mais la recherche spirituelle de la réalité. L’hindouisme, c’est un océan d’enseignements millénaires, aussi variés que parfois contradictoires, et la meilleure prière est celle du cœur.

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À la recherche de l’ultime guérison…

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Méditation…

Monastère de Mulagandha Kuti Vihara, Sanarth, près de Varanasi,Inde, gildalliere, 2008

Dans le monastère de Mulagandha Kuti Vihara, il n’y a plus de jours, plus d’obscurité. Il n’y a ni plaisir ni peine ni crainte. Il y a la méditation, l’aspiration et l’élégance. Une quiétude dans le silence du ciel. Je suis à Sanarth, c’est là que Bouddha dispensa son premier enseignement, celui portant sur les quatre vérités : l’existence de la souffrance, l’origine de la souffrance, la possibilité de la cessation de cette souffrance et la vérité sur la voie qui mène à cette cessation. Après avoir atteint l’éveil sous l’arbre de la Bodhi, il resta silencieux pendant cinq semaines, pensant que la vérité qu’il avait découverte était trop profonde pour être enseignée. Ici, aujourd’hui, le cours du monde n’est plus, l’air se tient coi, point de gens ni de chuchotements, juste le froissement du pashmina sur les épaules du gardien du temple. Le bruit des pas du temps est aboli. Tout est ici recueilli.

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Méditation…

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Aux plaisirs des dieux…

le lingam et le yoni, Palais du Maharaja, Varanasi, Inde, gildalliere, 2008

Silencieux reflet du très lointain, je sens mes yeux sombrer dans les guirlandes de fleurs qui coiffent ton phallus. Oui, aujourd’hui, je me jette dans ce qu’il y a de plus indien en Inde : la religion et le sexe. Quand Shiva achève son interminable méditation et se marie avec la fille de l’Himalaya, la belle Parvati, c’est à Bénarès qu’ils s’installent. C’est pourquoi on y trouve plus de 3000 Lingams. Ces pierres dressées symbolisent son sexe. Le réceptacle, appelé Yoni, représente le sexe de la femme. Lorsque le sexe de l’homme est connecté au cœur, il est alimenté par l’amour. Il devient le Lingam, bâton de lumière, et se met à briller. Le Yoni va se creuser, s’ouvrir pour l’accueillir. Par l’union du Lingam et du Yoni, l’absolu qui se déploie dans le monde prouve qu’il surmonte l’antagonisme mâle-femelle et spiritualité – matérialité.

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Les chemins de la vie…

Bains au bord du Gange, Varanasi, Inde, gildalliere, 2008

Ce matin il y a foule sur les chemins de la vie. C’est au lever du soleil que les pèlerins accomplissent leurs ablutions. Certains se brossent les dents ou se lavent les cheveux, dispersant la mousse autour d’eux. Des hommes se rasent, se savonnent. D’autres se gargarisent. On lessive, on rince, on barbote au milieu des déchets sacrificiels et des ordures dans une eau malgré tout éclaircie. La richesse du fleuve sacré ne fait pas tapage, sa pauvreté ne le ternit pas. Les deux l’embellissent.

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Le temps de la chute…

La crémation, Varanasi, Gange, Inde, gildalliere, 2008

Voici venir le temps de la chute, là où la terre est dépourvue d’escaliers, là où se consument cinq où six bûchers. C’est à eux qu’on pense quand on frémit à l’appel des conques sonnant le triomphe de la mort. Celle qui apparaît ici-bas, et qui fait jaillir l’ambroisie de mon cœur au clair de ma vie. Quelques hommes s’affairent autour d’un tas de bois, poussent une bûche ou une autre, comme on arrangerait un feu de cheminée. Et puis je comprends que ce qui va brûler est un corps. Alors, c’est à ce moment là que les courants capricieux du bien et du mal emportent mon esprit avide de tout jusqu’au lieu où se sacrifie toute possession du monde. Mon rôle d’ainé aurait été de faire éclater ton crâne pour que l’âme sorte par la fontanelle. Il paraît que grâce à la chaleur du bûcher, il est inutile de frapper fort, l’os se brise très facilement.

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Le ghât des dhobis…

La laverie, Varanasi ghats, Inde, gildalliere, 2008

Je me suis accoté au dernier degré du ghât où les dhobis, travailleurs inlassables, lavent les vêtements en les frappant contre des pierres plates. Le sombre courant me mouille les pieds. Devant moi, Varanasi s’impose. Les kurtas sèchent peu à peu à la lumière sable qui les couvre de couleurs sucrées. Des ombres immergées dans une eau sans remous, accomplissent leurs ablutions. Bénarès se reflète sur l’immobilité de ses escaliers. Des barques fouettent à coup de rames une eau étale en tourmente. Les candélabres percent le ciel en travers du chemin du soleil levant faisant apparaître les dentelles des palais décrépis.

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La cité de la foi…

Varanasi, la ville sacrée, le Gange, Inde, gildalliere, 2008

Pour les ascètes et les maîtres penseurs, la délivrance est là, à l’embarcadère de cette rive du Gange. Dans une salutation suprême, j’aimerais que tous mes sens se tendent et touchent ce monde. Que mes prières rejoignent cet océan de silence et de méditation. Kashi, Bénarès, Varanasi, tu es la plus vieille ville habitée du monde, la ville aux trois noms, la ville sainte, la lumineuse, l’ardente, l’aimé du fleuve sacré. Il y a plus de vingt-cinq siècles, quand Babylone se battait contre Ninive pour sa suprématie, quand Tyr établissait ses colonies, quand Athènes grandissait en puissance avant que Rome fut connue, où que la Grèce lutte avec la Perse, où que Nabuchodonosor ait conquis Jérusalem, et que les habitants de Judée furent envoyés en captivité, elle s’était déjà élevée vers la grandeur si ce n’est vers la gloire. Je ne veux rien retenir, je veux seulement descendre le courant, démêler le fil des absences et des unions, tendre ma voile en haut des vents vagabonds.

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Le matin s’arrête…

Les pècheurs du Gange, Varanasi, Inde, gildalliere, 2008

J’attends… je vois voler au vent le pan de son dhoti à carreaux. Je vois le soleil à l’ouest dérober son ombre. Le matin s’arrête, interdit. Le ciel blafard ferme les yeux. Les heures cheminent à pas feutrés sur le sentier de la brume. Je vois sur les barques l’air des pêcheurs à mes côtés, les mots de leurs regards. Le fleuve sacré embrasse la lumière. L’œillet, le jasmin et la rose flottent dans les eaux claires sur un air d’invité. À l’horizon, je vois se profiler la sombre lisière des champs crépusculaires.

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Le matin s’arrête…

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