Rallumer les étoiles…

Composition, Miro, Guilhem Touzelier, gildalliere, Nice, 2OO8
Photo/Gilles Dallière/Chez Guilhem Touzellier/Nice

En partant en reportage chez l’antiquaire Guilhem Touzellier, je suis resté longtemps devant cette toile de Joan Miró. Tout me fascine : le processus de travail de l’artiste, son œuvre graphique, le relief, la matière, les intégrations d’objets, la réutilisation des motifs. J’aime son esthétique naïve et onirique, souvent rattachée au mouvement surréaliste. Cette façon de se dégager de toute réalité extérieure, de toute convention picturale. La couleur de ses ambitions est devenue celle de mes rêves histoire de rallumer les étoiles.

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Rallumer les étoiles…

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Champagne…

Nature morte, lampe en albatre, gildalliere, 2008, Eric Schmitt
Photo/Gilles Dallière/Fontainebleau/Eric Schmitt

La lumière tamisée aux détails dorés dégage une chaleur douce et enveloppante dans laquelle tu te blottis. Le silence s’installe. Je te revois assise là, détendue et sereine, un léger sourire posé sur ton visage. Je nous revois tous deux au milieu de tous ceux qui ne comprenaient pas l’absence de lumière. C’est pourtant là que ton sourire grandissait, tes bras s’ouvraient vers moi et nous restions ainsi serrés, respirant la douceur qui nous submergeait. Aujourd’hui, il faut que tu laisses venir l’ombre complice de cette figure de Montmartre dont le bleu des yeux et pas que, va te faire rire aux larmes. Tu vas trinquer avec le roi de la nuit parisienne. Champagne…

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Champagne…

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Tchin-tchin…

Un verre d'eau, nature morte, gildalliere, Paris, 2011
Photo/Gilles Dallière/Paris

Deux mois déjà… Ce qui reste et restera d’une mémoire libre et portée au fil de ce petit verre de vin blanc. Tu choisissais de partager ce que l’on aimait en faisant remonter à la surface, la mémoire d’un passé chéri. C’était ta façon d’abolir ce temps qui t’était désormais compté. Se voir peu à peu vivre sans force entre le fauteuil et le lit, s’en contenter cependant. Avec ce petit verre, tu moquais la menace d’une exécution ordonnée. Un pied de nez à la mort en trinquant à la vie. Tchin-tchin Maman.

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Tchin-tchin…

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Ganesh.

Ganesh, Nice, gildalliere, 2020
Photo/Gilles Dallière/Paris

Gros, gras, en grès rouge, un Ganesh ventripotent, assis, nous observe du coin de l’œil dans la vitrine d’un antiquaire, rue Antoine Gautier. À cette époque, tu n’envisageais pas ta vieillesse. Tu te moquais allègrement de la mort. J’ai acheté l’éléphant en souvenir de mes séjours indiens. Il a trouvé sa place à Paris. Lui qui est mélangé de terre et de ciel, il n’a pas rendu son âme à Dieu. Il a donné sa langue au petit chat qui n’en a fait qu’une bouchée.

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Ganesh.

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Dis, quand reviendras-tu ?

Plat aux oiseaux, Campos, Nice, gildalliere, 2020
Photo/Gilles Dallière/Plat en céramique signé Campos/Paris

Je n’ai que ce blanc et ce noir enfoui de la céramique pour traiter la lumière. Et puis quelque chose d’autre qui n’est plus sous la garde de ces mots. Ton sourire. Quand j’ai acheté ce plat chez Romain Ginac à Nice, tu étais là, assise, silencieuse et étonnée. Ce que tu n’avais plus avec le corps avait trouvé place dans ton regard. Tu m’as aidé à emballer l’oiseau. Tu t’es inquiété de savoir comment j’allais le transporter à Paris, et quand je repense à ça, c’est comme si un morceau de ma mémoire s’était détaché et flottait au loin sur la mer, si vaste, infinie, d’eau et d’étoiles.

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Nature morte.

Nature morte, vase 1930 blanc, gildalliere, Paris, 2020
Photo/Gilles Dallière/Paris

Nous nous sommes ouverts ensemble à la beauté précaire, à la musique, aux voyages. Un objet comme ce vase, nous rapprochait, et bien d’autres encore. Ta vélocité, ton équilibre, m’ont rendu la vie facile. Aujourd’hui, je n’ai plus ta parole pesée, ton regard attentif, ton sourire bienveillant à mes côtés. Une certaine quantité de silence m’est alors nécessaire. Du fond du cœur, j’aimerais retrouver la petite maison dans la prairie, les visages de la famille Ingalls, les rires, l’espièglerie : gommer un peu la distance qu’il y a entre la vie et la mort.

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Nature morte.

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Abandonner tout.

Moulage, maman, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière/Paris

Le temps s’écoule. Le froid me réchauffe. Tes sourires se sont agglomérés dans ce moule de ta main et ta mort protège mon cœur endormi. J’y accrocherais, le jour de l’an, une branche d’étoiles.

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Pour toi…

Muse Montmatre, chez moi, Paris, gildalliere, 2019 L1016745-Modifier.jpg
Photo/Gilles Dallière

J’ai acheté ces fleurs pour toi. Au fond de la pièce, ton portrait solitaire se laisse gagner par la lenteur. Je sais aujourd’hui que le futur qui m’attend ressemble à une encombrante décharge à ciel ouvert, riche de souvenirs mal empilés. Ce matin, le ciel hivernal s’est subitement pétrifié et tout mouvement est paré d’immobilité.

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Pour toi…

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L’ombre et la lumière.

L'ombre et la lumière, Niki de Saint Phalle, Centre d'art la Malmaison, Cannes, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière/Niki de Saint Phalle/Ombre et lumière/La Malmaison/Cannes

“À travers les images, je piétine mon père, je l’humilie de toute mes forces et je le tue”.
Ce qu’une femme a fait, seule une femme peut le défaire.
De l’une venait toute consolation, (Jackie, 1965).
De l’autre, en arrière-plan, vient l’inconsolable, (Daddy : Crucifix, 1972).
À Cannes, la Malmaison et la Villa Domergue mettent en lumière les tourments de Niki de Saint Phalle. C’est l’amer et le suave. Deux gestes dans le même geste. Celui qui enfonce son couteau aux jointures, et celui qui croise la laine sur le tissu. Une main de brute pour saisir l’immense, une main de fée pour saisir l’infime.
C’est l’ombre et la lumière.

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L’ombre et la lumière.

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Soufflé bouche.

Accroché au plafond, gildalliere, Malakoff, 2019
Photo/Gilles Dallière/Richard Alcock/Avenue Malakoff

Le verre soufflé bouche de cette suspension trône, flamboyant, au centre des symboles de la haute décoration à la Française. L’élégante prend ses aises. Seule, elle expose ses courbes dans une mise en scène qui adopte l’esthétique d’un passé recomposé. Mais au milieu de cette composition serrée, elle n’est que le jouet du destin, sa beauté est déjà embaumée dans une histoire qui la dépasse.

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Soufflé bouche.

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