Bain de soleil.

Bain de soleil, promenade des Anglais, Nice, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière/Promenade des Anglais/Nice

Cet homme endormi au soleil, c’est un corps, c’est un cœur élevé en pleine air. Ces lumières brunes ne cherchent pas l’épate. Elles sont très près de l’argile où est mêlé le souffle pour arriver aux imbéciles que nous sommes. Peut-être qu’un vrai artiste est toujours un moraliste. C’est le bien qui est cherché avec avidité, et alors la beauté vient inévitablement, comme une petite carriole attachée à une plus grande et filant à toute allure, comme une récompense accidentelle.

Clichés/Inspiration, Clichés/photos, Clichés/voyage

Bain de soleil.

Image

Autoportrait d’un sculpteur.

Le sculpteur, Marbre, granite, pierre, plomb et verre peint, nat
Photo/Gilles Dallière/Autoportrait du sculpteur/Ossip Zadkine/Musée Zadkine/Paris

Autoportrait d’un sculpteur. Il y a une géométrie insoupçonnée dans le désordre de cette nature morte, quand tout redevient immobile, une équation sidérante de grâce dans l’orgasme au moment où tout meurt en couleur, et même dans la rage du sculpteur, même là, dans la violence primaire de l’acte le plus arbitraire, une généalogie mystérieuse est à l’œuvre. Nous sommes tous des danseurs étoiles du vide parvenus au terminus du moi. Ossip Zadkine tiens à célébrer des saturnales mystico-érotiques dans son atelier quand d’autres fêtent Noël en regardant Anne-Sophie Lapix sur France Télévision.

Clichés/collection, Clichés/Inspiration, Clichés/interiors, Clichés/photos, Clichés/tendances

Autoportrait d’un sculpteur.

Image

Autoportrait

Mon Portrait, Italie, Milan, Sawaya&Moroni, 2008.
Photo/Francis Amiand/Gilles Dallière/Milan

C’est bien moi, j’ai laissé ma chaise devant la porte d’entrée, mais la sensation d’un vertige noir persistera jusqu’au milieu de la matinée.
Que pensez-vous de l’affaire Vincent Lambert ?
Que pensez-vous de cette tempête médiatique et judiciaire ?
Si la porte se refermait sur ma vie, j’aimerais qu’on m’aide à la franchir sans souffrir.
Que pensez-vous de toutes ces agressions anti-LGBT ?
Du Brexit, du naufrage de l’Europe ?
Plus le scrutin approche, plus les sondages d’opinion radotent, et l’élection se jouera, comme la présidentielle de 2017, entre la République en marche et le Rassemblement national.
Et je ne parle pas des gilets jaunes.
Aujourd’hui on boboïse, on cyberharcèle, on infox, oui ce sont les nouveaux mots qui entrent dans le Petit Robert 2020.
Dans ce monde d’excès jusqu’à l’absurde, où on déconne plein pot, je promène mon regard sur ce trait de lumière qui frappe furtivement la couronne de cristal rouge de l’obélisque. Le lieu rayonne d’une solitude essentielle. J’ai toujours eu le plus grand mal à fonctionner dans cette société. Les diplômes, les discours, mon travail de journaliste, l’importance de serrer les bonnes mains, de gagner toujours plus, je veux dire, toute cette frénésie pour pouvoir s’offrir quoi au juste ?
Le vrai luxe c’est la liberté.

Clichés/architecture, Clichés/design, Clichés/photos, Clichés/voyage

Autoportrait

Image

Cuvée Saint-Urbain

Altan,gildalliere, 2019.
Photo/Gilles Dallière/Portrait/Altan/Paris

À mon approche un gargouillis rieur s’éteignit dans l’air, celui de son téléphone portable. Il se redressa, posa son verre en cristal de Baccarat sur le bord de la commode. Mon regard de photographe interrogateur et soucieux, glissa du visage barbu et pâle, surmonté d’un toupet de cheveux drus et noirs au verre à moitié vide d’un vin de Bourgogne, cuvée Saint-Urbain, Marsannay, 2012. Un silence avait enveloppé cet instant d’une étrange fantômalité.

Clichés/photos

Cuvée Saint-Urbain

Image

Petit nu N°6

Petit nu N°6, Curiosa, Marie Pierre Morel, gildalliere, paris, 2O19.
Photo/Gilles Dallière/photogravure/Marie-Pierre Morel/Niels Schneider

C’est ma dernière acquisition : « Petit nu N°6 ». Une photogravure de Marie-Pierre Morel, tirée d’une série d’études pour le film éponyme de Lou Jeunet, d’après les photos de Pierre Louÿs. Le cadrage de ce nu masculin, académique, est soigné. La gamme des demi-teintes depuis la clarté solaire jusqu’au noir pure est parfaitement maîtrisée. À la recherche de la lumière magicienne, le corps de l’acteur vibre, et le papier sent cette vibration. Marie-Pierre travaille à la chambre, l’épreuve numérotée est tirée en gravure taille douce permettant d’obtenir grâce à la qualité du papier et au travail d’encrage une matière magnifiée dans les noirs chargés de mystères.
http://www.sitdown.fr

Clichés/collection, Clichés/décoration, Clichés/expositions, Clichés/Inspiration, Clichés/photos

Petit nu N°6

Image

Regarder le temps

Thibault, Paris, 2019
Photo/Gilles Dallière/Portrait/Thibault Massina/Paris/2019

Quand Oscar Wilde dit que « La beauté est dans les yeux de celui qui regarde », cela nous montre que le regard est bien plus important que la chose regardée, que c’est l’imagination contenue dans ce simple regard qui fait tout. C’est donc bien plus que de poser les yeux : il y a de la volonté, du désir, de l’intention dans le regard. Il y a des portraits réussis, d’autres pas. Chaque visage peut se cacher et parfois subrepticement se révéler. Très peu de gens sont capables de perdre le contrôle d’eux-mêmes, en un instant, et de se comporter devant l’appareil photo comme s’il n’existait pas. C’est pour cela que le photographe doit les aider et s’ouvrir à eux. Après plusieurs séances, je comprends que ce que je dis à mon modèle est bien plus important que ce que je fais avec mon appareil et la lumière.

Clichés/photos

Regarder le temps

Image

Marbre de soie

Vierge voilée, Giovanni Strazza, musée cheret, Nice, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière/Sculpture/Giovanni Strazza/Musée Cheret Nice

Vendredi saint. Elle est là Notre-dame et le voile qui couvre son visage est un linceul, celui-là même qui recouvre le corps du Christ. Elle refuse la mort deux fois suggérée par celle de son fils et par l’incendie de la cathédrale de Paris. Par ce voile, elle se veut immortelle. La transparence glace son visage. Pétrifiée d’horreur et d’effroi devant les flammes, elle se préserve de la mort par cette paralysie même qui statufie son corps et immobilise le temps. Beauté ravissante, Notre-dame est une image et un nom. Ses yeux se sont perdus au paradis et ce qu’il en reste s’offre en spectacle. Elle transperce le mensonge d’une nuit qui s’est indûment transformée en enfers. Le voile apaisant de la beauté vient recouvrir pour un moment le passage à vide dont elle ne voit pas l’issue. Loin des polémiques, derrière le blanc fantôme de marbre il y a un trou béant. À nous de le reconstruire.

Clichés/collection, Clichés/expositions, Clichés/photos, Clichés/voyage

Marbre de soie

Image

Inspirante authenticité

Maman, portrait, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière

Chère Maman, j’aime te faire poser, et même si tu bouges tout le temps, j’aime saisir les passions qui se sont incrustées sur ton visage. Ton œil vert voltige sur les fatigues de ton âge, et mille rides laissent voir ton sourire. Nulle mollesse dans ta figure, mais de la bonté. Parfois, tu sembles avoir connu toutes les tragédies possibles et avoir gravi, comme autant de marches, la peine et la souffrance, mais tu souris pour escroquer ta solitude, pour continuer à vivre, pour croire que tout ne va pas si mal. Aujourd’hui, même si ta mémoire est devenue aussi distante qu’une déesse, tu as pris de la dignité et une beauté pure et calme qui te va bien.

Clichés/Inspiration, Clichés/photos, Clichés/voyage

Inspirante authenticité

Image

Autoportrait, ou les métamorphoses du regard

Moi, par Miguel Chevalier, Machine vision, Art Fair, Grand Palais, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière

À la galerie Lélia Mordoch, mon visage, face à l’œil de la machine de Miguel Chevalier, se compose, se décompose, se recompose, se dématérialise en temps réel, un véritable bouleversement. Je me déplace dans un monde virtuel, je cadre l’écran, miroir de mon avatar. Le pointillisme, l’impressionnisme, le cubisme sont à l’honneur grâce aux algorithmes de Voronoï et de Delaunay, deux maillages cybernétiques qui tesselisent en temps réel. Au Grand Palais Paris Art Fair, dans un univers saturé d’images, je me perds tel Icare, fou d’infini, jusqu’à ma disparition.

Clichés/expositions, Clichés/Inspiration, Clichés/photos

Autoportrait, ou les métamorphoses du regard

Image

Close-up

Thibault, portrait, yeux, gildalliere, 2019
Photo/Gilles Dallière

Je ne suis pas de ces photographes qui prennent des photos au hasard. Ce sont les thèmes, les envies, qui me poussent à sortir mon Leica. J’ai été très impressionné par le jeu de ton regard et j’ai trouvé important de retranscrire l’énergie qui s’en dégage. Je t’ai pensé en noir et blanc, mais tu es venu avec un bouquet de couleurs poser tes yeux sur cet après-midi de printemps. Bleu, ciel gris, je les ai assortis à la couleur du mur. Je me suis rapproché, j’ai raccourci la distance qui nous séparait, le regard fixe et pénétrant, tu as capté la lumière ivre répandue. Le voile des illusions a adouci les bruits de ta fatigue nocturne et en clignant tes yeux, tu es resté là, longtemps, puissant et mystérieux, à étaler tes bleus aux clartés éternelles sur le ciel gris de mon objectif.

Clichés/photos

Close-up

Image