Il pleut partout…

Quand on sent la pluie tomber, on imagine un ciel lourd, couleur graphite monter dans les veines de la butte Montmartre, et le vent chuchoter dans les arbres. Les mots dans le corps, le corps marchant, parapluie tendu jusqu’au gris, écrivant des phrases, arrachant les lettres aux galets luisants, les lançant dans l’azur, les mélangeant à tout : aux branches, à la lumière du réverbère et à la dynamique du mur. Il pleut partout, un crachin implacable, brouillard d’eau qui tombe comme un murmure sur le pavé glissant. La nuit glacée rend les noirs et blancs somptueux, la silhouette du mobilier urbain, gracile, le granite des trottoirs d’une étrange beauté.