Souveraine
Photo/Gilles Dallière/Essaouira
Je suis resté longtemps immobile, au frais, dans la salle du théâtre de l’Atelier face au décor de la cuisine. À la fois hébété et silencieux. Dans l’ombre du premier plan, une vie défile à toute allure devant mes yeux. La vie de Mademoiselle Julie, une pièce écrite par August Strindberg. Anna Mouglalis apporte une sensualité bouleversante à ce personnage soudain déclassé, errant dans les vertiges du sexe comme de la culpabilité. J’ai écouté cette voix noire qui traîne dans des graves infinis, rauque et caverneuse. Elle est là, à balancer cette beauté tragique qui fait peur et ce goût excentrique des excès jusqu’à la mort.