Le silence…

Le vide, l’ordonnance des lignes horizontales, la pierre sculptée, la rampe de fer forgé, la subtilité des détails : le lieu est unique et surtout interdit. Je m’y suis fait prendre bien-sûr comme un enfant, et devant tout ce silence, cette image pétrifiée, j’ai regardé derrière le mur ce qui a disparu dans les strates du temps : l’enfance. Il n’y a plus le silence religieux des dîners de famille, le générique des feuilletons suivis sagement assis dans le canapé du salon : Thibaud où les croisades et le galop des chevaux, Rintintin et le son de la trompette, ma sorcière bien aimée, la voix off des envahisseurs, l’homme du Picardie et sa rengaine terriblement nostalgique, la musique saturée des incorruptibles et celle de Daktari aux djembés entêtants, le concerto d’Aranjuez pour guitare et orchestre qu’écoutait maman, et dans une explosion de couleurs et de frissons, la magie psychédélique d’Atom Heart Mother…Derrière le mur, l’enfance est devenue inaccessible.