Poussière

Ganga, gildalliere, Inde, 2008
Photo/Gilles Dallière
Sa souffrance empêche les roses de sourire, il attend la mort sur la dalle de grès jaune devenue braise ardente sous le feu du ciel. Il hume les odeurs de merde et la chair brûlée des crémations. Derrière lui, la vue s’étend à l’infini sur l’eau jaunâtre du fleuve. Loin, très loin la longue rive du Gange se confond avec le ciel auquel elle semble accrochée par les silhouettes des arbres couleur de brume. Mourir ici délivre une fois pour toutes du samsara, de la pénible obligation de renaître et de renaître encore. La poussière de cendre le recouvre d’un voile transparent, la lumière ruisselle sur le gras de ses cheveux et sur son visage d’ébène, une méchante toile jetée sur sa nudité l’abrite du soleil meurtrier. Sa mort sera ordinaire et banale, elle ne s’accompagnera pas de gesticulations, elle est un fait.

Clichés/photos, Clichés/voyage

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